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Sélection des bibliothécaires – juillet 2025

Une acquisition rare, un sujet inédit, un éclairage sur la période 1848-1914 : dans « La sélection des bibliothécaires », chaque mois, les bibliothécaires du musée d’Orsay vous proposent un regard sur une sélection de quelques ouvrages qu’ils ont souhaité mettre en avant.

Vous pouvez également retrouver l’ensemble des ouvrages, et en particulier toutes les dernières nouveautés mensuelles, sur le site de la bibliothèque de la conservation du musée d’Orsay consultable via le Réseau des bibliothèques des musées nationaux (RBMN).

La sélection de la bibliothèque de ce mois vous est proposée par Alexandre Battaglia [A. B.], Laurent Boucher [L. B.], Julien Graff [J. G.], Julie le Guillou [J. L. G.] et Vincent Pierrot [V. P.].

Cette photographie ancienne en noir et blanc représente un vieil homme en costume et petit chapeau noir installé dans un fauteuil en osier et lisant un journal sur lequel on distingue des reproductions d'œuvres d'art. Il est en extérieur, manifestement sous une tonnelle qui laisse filtrer quelques rayons de soleil. A l'arrière-plan, on voit un muret en pierre surmonté de végétation.
Charles Augustin Lhermitte, Un vieil homme lisant sur une terrasse ombragée,
entre 1912 et 1918
Photo © GrandPalaisRMN (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Cote 4 E 2025 16
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Le présent catalogue a été publié dans le cadre de l’exposition « Chorégraphies. Dessiner, danser (XVIIe-XXIe siècle) » présentée au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon. Cette exposition met à l’honneur un art vivant, la danse, et résulte d’un programme de recherche mené à l’INHA depuis 2018 qui a réuni historiens de l’art, historiens de la danse, danseurs et chorégraphes, et qui a permis d’explorer plus de cinquante collections publiques et privées. La danse est ici interrogée sous l’angle des pratiques graphiques à travers différentes époques, de Louis XIV à nos jours. Plusieurs supports sont rassemblés (des carnets de répétition aux partitions grand format, en passant par les dessins de maîtres de ballet), afin de montrer comment le dessin peut être constitutif d’une pratique chorégraphique, dans un processus de création, de transmission à des danseurs. L’ouvrage présente différents modes d’écriture de la danse à travers le développement de systèmes de notation et d’expériences plus individuelles de dessins. Ces ancrages matériels de la création chorégraphique, au cœur de l’exposition, sont ici documentés par des illustrations, des références et des notes bibliographiques.   J. L. G.


À partir du XVe siècle, un premier marché de l’art émerge, dans un contexte où les œuvres étaient alors jusque-là créées pour des commanditaires. De manière concomitante, des artistes « vedettes » se distinguent. Le succès nécessitant de produire toujours plus, ces artistes s’entourent alors de nombreux collaborateurs afin de reproduire à l’identique l’œuvre qui a fait leur succès. La problématique de l’unique et du multiple pose alors la question fondamentale de la valeur de l’œuvre sur le marché. Même si le prix de l’art demeure une notion floue et versatile, cet ouvrage propose d’établir des liens entre les coûts de la création, les formes de commerces et les imaginaires suscités par les artistes et leurs œuvres. La financiarisation de l’art, que nous pensons souvent être récente, prend ses racines à la Renaissance et se structure progressivement, jusqu’à l’établissement de la galerie d’art, au XIXe siècle, comme intermédiaire indispensable à la promotion des artistes et de leurs œuvres, à la contractualisation de leurs relations et parfois à la spéculation purement financière.   L. B.


Alexander Wood, historien de l’architecture et de l’urbanisme des États-Unis, nous propose ici un travail édifiant sur la construction de la ville de New York. Entre les années 1880 et 1930, cette ville a connu une croissance fulgurante : près d’un million de bâtiments, des dizaines de ponts et de tunnels, des centaines de kilomètres de lignes de métro et des milliers de kilomètres de rues ont été construits pour répondre aux besoins d’une population toujours croissante. Cet extraordinaire essor a mobilisé ressources, volonté politique, vision créative, esprit d’entreprise, savoir-faire et travail physique intense. La construction d’une ville, au-delà des dimensions architecturales et techniques, implique une société tout entière. S’appuyant sur des sources telles que les archives municipales et les archives de cabinets d’architecture, d’entreprises de construction et de syndicats, cet ouvrage est d’une remarquable précision.   J. L. G.


Cote B SER 7 4
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Yvonne Serruys (1873-1953) est une artiste belge ayant fait carrière à Paris. Issue d’une famille francophone aisée, elle reçoit une formation artistique très complète, notamment auprès des peintres Émile Claus et Georges Lemmen. Après avoir exposé pendant plusieurs années ses peintures dans les salons parisiens, elle s’adonne peu à peu à la sculpture. Réalisant dans un premier temps des statuettes, principalement des nus féminins, elle produit ensuite des sculptures monumentales et notamment deux groupes sculptés pour l’espace public parisien. Influencée par Antoine Bourdelle et Aristide Maillol, inspirée par l’Art déco, l’œuvre d’Yvonne Serruys évolue pendant l’entre-deux-guerres vers plus de simplicité, de sobriété et de stylisation. Militante pour l’émancipation féminine, elle expose au salon de la Société des femmes artistes modernes, où elle cherche à représenter la « femme nouvelle ». Autrefois connue et reconnue par ses pairs et par la critique, son nom est aujourd’hui quelque peu oublié. On peut donc espérer que cette monographie publiée par Marjan Sterckx aux éditions Snoeck lui rendra la renommée qu’elle mérite.   J. G.


Cote 8 H 1049
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L’ouvrage Voisins de passage, issu d’une thèse soutenue en 2019, aborde l’histoire sociale d’une banlieue parisienne et retrace des parcours de migrations à partir d’un microcosme, la vie d’un immeuble situé à La Plaine Saint-Denis. Fabrice Langrognet confronte des aspects souvent dissociés en sociologie des populations : le travail, le logement, les migrations, la sociabilité. Pour cela, il a consulté une quantité considérable d’archives municipales : état civil, actes notariés, dossiers de naturalisation, dossiers de procédures judiciaires, presse locale (soit 81 pages de références archivistiques et bibliographiques en fin d’ouvrage). En croisant ces données, il a pu dénombrer 4 845 personnes qui ont vécu à cette adresse entre 1882 et 1932, avec leurs origines (pas moins d’un millier de localités réparties sur 21 pays).
Par sa fine analyse des données recensées, l’auteur souligne l’énorme brassage de population et incorpore un grand nombre de faits divers qui ont marqué l’histoire sociale de ce territoire au nord-est de Paris. Contribution majeure à l’étude sociologique des populations et des migrations, Voisins de passage retrace et documente une aventure humaine à l’aune de l’industrialisation galopante du tournant du XIXe siècle.    V. P.


Cote 8 H 1043
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Au tournant du XIXe siècle, la Belle Époque évoque pêle-mêle : croissance, industrialisation florissante, révolution technologique, stabilité politique, développement des loisirs et du plein air. Les manifestations de la grandeur de la France sont multiples : l’Exposition universelle de 1900, la Tour Eiffel, le métro, les travaux qui ont donné à Paris son nouveau visage. Ce rayonnement contribue à forger une vitrine attractive d’une France qui entre de plain-pied dans la modernité, au détriment d’une réalité plus nuancée sur l’ensemble du territoire. L’ouvrage de Arnaud-Dominique Houte révèle la part sombre de ces années, dressant un inventaire des peurs tapies au plus profond de la société française. L’auteur procède à un dépouillement chronologique de la presse écrite en plein essor, de 1889 à 1914. Au travers des grands débats sociétaux (l’affaire Dreyfus), des clivages et des actualités marquantes (les revendications ouvrières, les attentats anarchistes, le déclin démographique, les vacillations de l’empire colonial), il relève les principales manifestations d’inquiétudes, tant individuelles que collectives, amplifiées par une sphère médiatique qui nourrit « l’anxiété diffuse ». Si l’ouvrage dresse un panorama assez complet de la période sous toutes ses facettes, il peine cependant à relier les faits de société aux ressentis relayés par la presse, et à conduire une étude typologique de ces peurs pour en faciliter l’analyse et la classification.   V. P.


Cote B MAN 1 172
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Spécialiste de poésie moderne et notamment de Baudelaire, Jérôme Thélot a publié, depuis Géricault. Généalogie de la peinture en 2021, plusieurs ouvrages consacrés à l’art. Le présent essai, portant sur Manet, déroule une démarche simple autant que singulière : l’étude du motif de la main gauche dans les tableaux du peintre. Ainsi les premières pages scrutent le portrait de « Monsieur et Madame Auguste Manet », exposé dans les collections du musée d’Orsay, où le poing droit du père, crispé sur fond noir, s’oppose au bouquet de fleurs – un fouillis indistinct et coloré – où plonge la main gauche de la mère : un contraste où semble se réfléchir la double vocation de l’artiste clivé entre l’orgueil de la maîtrise formelle propre au grand art et l’inclination à défaire cette maîtrise dans un geste où prédominent la gaucherie, la boiterie et le flottement. Une contradiction formulée peut-être par Baudelaire, qui perçut en Manet « le premier dans la décrépitude de son art » (Baudelaire à Manet, 11 mai 1865). La réflexion de Jérôme Thélot, introduite par une citation de Bras cassé de Michaux, dégage la profondeur de signification, esthétique et morale, qui sous-tend ce « renversement du platonisme » ; par des analyses lumineuses, elle montre comment une modernité s’y invente, qui veut ouvrir le ciel idéal des formes au vacillement réel de l’existence et de l’autre, et contredire l’achèvement de l’œuvre par l’inachèvement de la vie.   A. B.


Cote RES B MUE 2 1 (1), RES B MUE 2 1 (2)
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Artiste allemand emblématique de l’expressionnisme, Otto Mueller (1874-1930) est l’auteur d’une œuvre à la facture très personnelle, dont la douceur lyrique s’exprime particulièrement dans le nu féminin et la représentation de la nature. Le présent catalogue raisonné a été établi par Tanja Pirsig-Marshall, conservatrice au Westphalian State Museum of Art and Cultural History à Münster, et Mario-Andreas von Lüttichau, conservateur et historien de l’art ; il dresse l’inventaire et l’historique de l’œuvre complet d’Otto Mueller, le premier volume étant consacré aux peintures et le second aux aquarelles et aux dessins de l’artiste.
L’œuvre saisit par la cohérence décidée de sa vision, laquelle, selon une approche quasi sérielle, retourne inlassablement aux mêmes sujets : par la chaleur unie des couleurs et des figures, par l’élégance vigoureuse du trait, qui simplifie les formes pour en magnifier la présence. Art de l’évidence des corps, l’expressionnisme d’Otto Mueller célèbre l’expérience ou le souvenir d’un être-au-monde lumineux, au sein d’un mouvement qui souvent s’est fait l’écho de la négativité au travail dans la modernité européenne.   A. B.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Centre de ressources et de recherche (3 juillet 2025). Sélection des bibliothécaires – juillet 2025. Le carnet des musées d’Orsay et de l’Orangerie. Consulté le 16 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/149gh


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